Les orientations de commandement de Napoléon

La campagne de Napoléon à Austerlitz est un très bon exemple de la matérialité tant langagière, idéologique que « pratique » des orientations dans l’activité d’encadrement, en l’occurence le commandement militaire. Napoléon a gagné cette bataille grâce aux marches forcées de ses soldats depuis Calais, soldats toujours mûs par l’idéal révolutionnaire et démocratique, très bien entraînés, encadrés par des officiers issus du rang, eux aussi à pied. Les chevaux servaient surtout à tirer les canons. Napoléon prenait le plus grand soin des souliers de ses soldats, faisait en sorte que ces derniers soient payés à temps, et marchait de temps en temps au milieu d’eux. Il avait une connaissance personnelle du terrain des opérations dont il avait pris soin d’analyser lui-même le moindre recoin. Bien qu’en territoire « ennemi », cette armée fut pourtant accueillie par bien des habitants comme libérateur.

Face à lui, dans une supériorité numérique écrasante, des armées prussiennes et russes, qui ne parlaient pas la même langue, encadrées par des officiers qui devaient leur titre au fait d’être des aristocrates, assis sur leur cheval pendant que les soldats tiraient à la main leurs lourds canons. Le tsar russe, qui rêvait de régner sur toute l’Europe, est tombé dans le piège de la faiblesse feinte de Napoléon, et au lieu d’attendre les renforts, a attaqué avec le résultat que l’on sait.

Cette confrontation entre deux armées est aussi une confrontation entre deux orientations, deux manières d’encadrer et de traiter les soldats, deux manières très différentes de se battre. D’où l’idée Clausewitz (qui a écrit De la guerre) que le plus important dans la guerre, ce sont les forces morales, les raisons de se battre.

Il en va de même dans l’activité d’encadrement : son moteur, ce sont les alliances mais aussi les divergences d’orientations au sein des équipes encadrées, par rapport auxquelles l’encadrant lui-même se positionne.